On ne peut pas dire avec toutes les sélections en équipe de France qu'a déjà connues Brigitte Ntiamoah, championnats d'Europe chez les jeunes, chez les seniors, mondiaux à Pékin ou aux Bahamas, qu'elle manque d'expérience du contexte du haut-niveau, et ce malgré son jeune âge !

Mais ce qu'elle a connu à Rio de Janeiro, selon ses propres dires, est encore différent, plus grand, plus intense et exceptionnel, avec notamment, la vie dans le village olympique.

Lors de son entrée en piste au soir du 19 août, pour les séries du 4x400m que Brigitte allait disputer en tant que titulaire, la longue et si difficile attente prenait fin. En effet, autour des JO, tout était si grand, tout était si important, tout était si observé et malgré l'éloignement du groupe à Sao Paulo pour le stage terminal de l'équipe de France, les athlètes sentaient monter l'importance de l'enjeu et cette puissante vague émotionnelle, à mesure qu'approchait le moment tant attendu.

Lors de ce 4X400m, l'objectif d'entrer en finale semblait raisonnablement atteignable, les athlètes avaient confiance en leur préparation, elles avaient effectué de bons entraînements. Mais un paramètre avait été mal évalué, l'absence de compétition pour celles, dont Brigitte, qui n'étaient pas inscrites en individuel et qui n'avaient plus participé à une compétition depuis plus d'un mois. Par ailleurs également, le niveau des autres équipes était assez difficile à appréhender, cette épreuve n'étant quasiment pas disputée en dehors des grands rendez-vous internationaux, donc en gros, une ou deux fois dans l'année. La France pouvait être confiante, le danger devait provenir essentiellement des Etats-Unis, de la Jamaïque et de la Grande Bretagne, cette dernière étant la seule nation européenne supérieure aux bleues.

Malheureusement, certains pays ont réussi a élever leur niveau de performance par rapport aux Europe à Amsterdam, la France (3'26"18) a fait mieux en séries à Rio qu'à Amsterdam (3'28"48), mieux en séries que l'an dernier aux mondiaux de Pékin (3'26"45), mais ça n'a pas suffit. Le scénario de course a été différent, imprévu, avec des bousculades et des trajectoires moins directes et voilà, il a manqué à peine quelques dixièmes pour entrer en finale et c'est peut-être cette absence de compétition qui a supprimé des repères, fait s'étioler les bonnes sensations, qui a pu être préjudiciable. Quand on voit le lendemain les temps réalisés lors de la finale, les athlètes peuvent éprouver des regrets, avec une troisième place qui se joue à 3'25"88, alors que nos Françaises avaient réalisé 3'25"96 à Amsterdam en finale ! 

Brigitte, sans doute partie vite, a été gênée, ralentie, par l'Ukrainienne qui l'a dépassée au bout de 200m, mais il ne faut pas émettre de jugement évasif (télévisuel) sur la seule impression des concurrentes entre elles. Les autres filles qui ont couru cette 'second leg" du relais étaient toutes supérieures en valeur pure au temps de Brigitte sur 400m, sauf la concurrente Roumaine. Il n'est donc pas étonnant que Brigitte, partie très vite pour essayer de combler le trou a payé ses efforts en fin de course, qui a été rallongée par un écart qu'elle a du produire pour aller chercher sa camarade Marie Gayot. Le temps de 52"20 lancé de Brigitte, s'il est moins rapide qu'à Amsterdam mais pour les raisons qui viennent d'être précisées, reste néanmoins conforme à sa valeur.

La déception était évidemment vive, difficile à supporter, mais comme elle le dit elle-même, les JO c'est tellement grand, tout y est si différent, "cela donne envie d'y revenir dans quatre ans". Il y aura d'autres compétitions importantes d'ici là, et une nouvelle olympiade s'ouvre, avec plein de nouveautés et de surprises.