Petite Brigitte deviendra grande

Sélectionnée pour la première fois en équipe de France seniors pour le Challenge mondial des relais, les 2 et 3 mai aux Bahamas, la sprinteuse mulhousienne Brigitte Ntiamoah récolte les fruits d’une formation réussie et d’une adaptation au plus haut niveau depuis six mois, à l’INSEP, à Paris.

Aujourd'hui 05:00 par Fabien Rouschop

Le calme et la sérénité sont des atouts de taille pour Brigitte Ntiamoah sur le chemin du très haut niveau. Celui-ci la mènera aux Bahamas ce lundi, pour une première sous le maillot bleu avec les « grands ». Photo  L’Alsace/

À l’heure où l’on écrit ces lignes, Brigitte Ntiamoah ne semble toujours pas se rendre compte du chemin parcouru. Celui qui l’a menée du quartier des Coteaux à Mulhouse aux hôtels 4 étoiles de Monaco, en passant par le stade de l’Ill et, depuis la rentrée scolaire 2014/2015, par les salles de classe et de musculation de l’INSEP (*) , à Paris.

Ce n’est pas qu’elle s’en fiche, ce n’est pas qu’elle prend ça par-dessus la jambe. Au contraire. « C’est cette génération qui est comme ça » , soupire Bruno Gajer, l’homme qui a pris en main la suite de sa destinée sportive, dans la continuité du travail réalisé par Aurélie Fortes et Pascal Bleu jusqu’à l’été dernier en Alsace.

En stage jusqu’à samedi sur le Rocher monégasque, la sprinteuse de 21 ans fêtera dans la foulée sa toute première sélection en équipe de France seniors à l’occasion du Challenge mondial des relais à Nassau, aux Bahamas (2-3 mai). Dans cet archipel paradisiaque à la limite des Caraïbes, elle va côtoyer le gratin du sprint international, le roi Usain Bolt en tête. Impressionnée, l’athlète de l’EGMA/FCM ? Pas pour un sou. « Je pense que je prendrai conscience de tout ça sur place, admet-elle dans un large sourire. Je ne sais pas si je réalise vraiment ce qui m’arrive, mais tout ça me motive en tout cas. Cette sélection, je pense que je la mérite. J’ai fait une belle saison hivernale, je sens que j’ai franchi un palier à l’INSEP. Je suis plus attentionnée, plus concentrée, j’essaie de mieux dormir et manger… Ça n’a pas été facile au début, mais je m’y fais. »

La championne de France Elite en salle du 200 m, qui prépare un DUT de gestion administrative et commerciale des organisations en trois ans, paraît totalement épanouie dans sa nouvelle vie. Ce n’est pourtant pas toujours le cas quand un jeune athlète fait le choix « capitale ». « C’est une grande timide, mais, bien que ce soit la plus jeune, elle a très rapidement trouvé sa place dans mon groupe, se félicite Bruno Gajer, l’entraîneur qui a façonné le meilleur coureur français de 800 m, Pierre-Ambroise Bosse. Elle est robuste, digère bien les doses de travail. Elle a été parfaitement formée à Mulhouse et opérationnelle tout de suite. Elle a de grosses qualités. Après, il y a cette hygiène de vie que requiert le haut niveau qu’il faut lui faire accepter. Ça prend du temps. Mais c’est une compétitrice, ça se voit. »

« Il y a plein de jeunes talents qui sont restés au stade de jeune talent »

Jusqu’où peut aller la pépite haut-rhinoise, qui a déjà 11 années d’athlé derrière elle ? « Laissons-lui du temps, suggère « coach Gajer ». J’ai des exigences évidemment supérieures à ce qu’on lui demandait avant. Là, on est à Monaco, mais pas en vacances. Ce n’est pas la piste aux étoiles et il faut le leur rappeler de temps en temps, à elle et aux autres. Après, son potentiel est là, évident. Elle deviendra sans doute une très bonne athlète de niveau international. Elle est en train de se mettre dans le moule du haut niveau et peut largement devenir l’un des piliers de nos relais, le 4x400 m par exemple. Mais attention, il y a plein de jeunes talents qui sont restés au stade de jeune talent. »

Aux Bahamas début mai, Brigitte Ntiamoah, qui voue une certaine admiration pour la sprinteuse américaine Allyson Felix, sera titularisée au 4x200 m. Pour le 4x400 m, sacré champion d’Europe l’été dernier à Zurich, elle sera mise en réserve de la République. C’est que, comme pour le 4x100 m de la Strasbourgeoise Céline Distel-Bonnet, il sera déjà question d’un vol direct pour les Jeux Olympiques de Rio l’an prochain, à condition de finir dans les huit premiers. Rio, le soleil, les plages, les Jeux… La petite Brigitte n’a peut-être pas fini de rêver en grand.

(*) Institut national du sport, de l’expertise et de la performance.